mercredi 3 avril 2013

Autisme...

Il y a bientôt 23 ans, mon fils naissait. Il était si grand! À l'époque, j'étais au Baccalaureat à Laval. Sa mère était très instable depuis qu'elle savait qu'elle portait un enfant. Moi, à 20 ans, j'étais déchiré par le fait d'être aussi émerveillé, mais aussi, d'être aussi bousculé par la vie! Très vite, sa mère est devenue très difficile à comprendre, elle semblait avoir perdue la raison. Dès les premiers mois, mon garçon était différent. Il accusait certains retards dans son apprentissage d'hygiène de vie. Il semblait perdu, n'aimait pas qu'on fête son anniversaire. Les rassemblements familiaux lui faisaient peur. À la maternelle, il semblait au dessus des autres, peut-être bien à côté. Il ne voulait pas jouer avec moi, ne voulait pas qu'on le caline, qu'on lui montre de l'affection. J'ai fait mon deuil et j'ai accepté ce fait. Mais une chose est sûre, sa mère veillait à ce qu'il soit vraiment différent. En troisième année, nous avons commencé à le suivre de plus près. Il semblait très sélectif dans ses relations avec les autres. Puis un jour, jaloux parce que son ami jouait avec un autre, il s'est choqué et lui a lancé un dictionnaire... C'était en quatrième année. Suite à cet événement, beaucoup de tests, un suivi journalier, des réunions mensuelles avec la direction de l'école et différents intervenants avec des rapports. On me parle pour la première fois du syndrome d'asperger. Après plusieurs analyses de son comportement, un suivi serré auprès d'un pédo-psychiâtre, il commence à prendre du ritalin. On met l'asperger de côté. Il fait son entrée au secondaire. Jamais inquiet de ses notes, je suis inquiet pour lui. Il se fait taxé, malmené. Chaque jour est un épisode triste. Je l'aide à faire ses devoirs, qui durent souvent 3 heures. Je ne lâche pas, m'implique du mieux que je peux. Ce fut une période dure, remplie de murs, de montagnes. On l'a frappé, ridiculisé, volé son argent, son vélo, mon vélo que je lui avais prêté! On lui a vandalisé son scooter. Sans parler du quotidien à la maison, toujours explosif, incohérent et tellement triste. Puis, un jour, celui de la fusillade de Dawson, il a pris une décision: faire une fugue! Je m'en suis rendu compte et j'ai su qu'il retournait chez sa mère. Ce fut une autre période difficile... À l'aube de ses 17 ans, après maintes heures de recherches, de démarches, nous recevons un diagnostique du syndrome d'asperger. Sa mère semblait heureuse, comme si elle avait gagné à la loterie! On m'a demandé ce que ça me faisait. Je ne le savais pas. Est-ce qu'un diagnostique fera bouger les choses plus vite? Depuis ce jour, non seulement les choses n'ont pas tellement évoluées, mais je crois qu'elles sont plus compliquées. Très vite, il a eu 18 ans. À partir de là, les choses se sont arrêtées. Aucune aide disponible, sa majorité lui obligeant à signer tout, à être d'accord. Rien ne bouge, tout est long. Il est revenu vivre de par lui-même avec moi. Mais mon fils ne sait pas si il va se brosser les dents aujourd'hui. Il ne sait pas non plus s'il va prendre une douche. Prévoir pour demain, c'est un peu loin pour lui. Ce qui s'est passé hier, ça ne compte plus vraiment... Il vit dans son monde à lui, chez nous. Mais il est bilingue, même que si tout devenait en anglais, cela serait mieux pour lui. La vaisselle ne se fait pas après le souper, un terrain ne devrait pas avoir de gazon à tondre et faire à manger est une perte de temps. Quand nous tentons de parler, nos paroles s'entrechoquent, nous n'arrivons pas à prendre contact. Il en est à sa troisième tentative aux études collégiales, beaucoup de sous y sont passés. J'y ai mis du temps, de la santé, sans jamais avoir l'impression d'arriver à quelque chose. Aujourd'hui, à 43 ans, je suis toujours dans le doute, complètement épuisé, incapable de communiquer avec mon fils.

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Faire en sorte que chaque jour soit une réussite!

Oui monsieur! 20 heures 30, encore dehors en train d'écrire, en écoutant la nouvelle toune de Luke Combs! Sous le gazebo, il fait si bon...