Prisonnier.

Ce matin, après une dure journée comme celle d’hier, qu’il fasse moins dix degrés, avec de la neige, je sens que ce n’est pas cela qui va me déranger. Hier, mon oncle Gilbert est décédé. Pas mon préféré, mais il est tout de même parti au ciel. Puis, ma marraine est rentrée à l’urgence, elle n’allait pas bien! Après une pneumoscopie, ils ont décidé de la garder sous observation! Et puis, nous avons pris une décision par rapport à notre chien; elle ira rejoindre les autres chiens au ciel mardi soir prochain. Elle ne va plus du tout. Elle passe ses nuits à lécher sauvagement la bosse qui ne cesse de grossir sur sa cuisse. Elle ne goûte plus ses aliments, elle ne voit plus tellement, son odorat est à zéro... Elle n’a plus de force dans les jambes, bref, son temps de vie est complété. Elle a droit à l’aide à mourir, dans la dignité. Soudain tout s’écroule, je n’ai pas tellement bien dormi, ma Bibi non plus. Cameron semble bien supporté par ses amis dans tout ça. Pour ce qui est de ma marraine, je suis sans mots. Les circonstances sanitaires nous empêchent de se voir depuis trop longtemps, et il est impossible d’aller voir quelqu’un à l’hôpital! D’ailleurs, les autorités préfèrent laisser les gens mourir tout seul dans leur lit d’hôpital! Chez le vétérinaire, nous avons droit d’être trois personnes pour assister notre chien dans la mort. Je sens la tristesse me gagner, autant que la colère. Y a-t-il vraiment quelque chose à faire? Je m’interrogeais tout à l’heure sur la légitimité de tout ce cirque! Et aussi sur le fait qu’on ne puisse rien faire. Sortir dehors, en criant haut et fort de nous rendre nos vies? Me ramasser à l’amende, peut-être derrière les barreaux? Alors que je dois gérer un temps de crise à la maison? Apparemment je suis prisonnier de cette façon de vivre que je n’ai jamais demandée.